Le financement est un autre point clé pour accélérer le développement de la filière biométhane. Malheureusement, les financements classiques, tels que les prêts bancaires se tarissent. Ils requièrent en tout cas de plus en plus de garanties, parmi lesquelles un apport en fonds propres couvrant entre 15 et 20% du total de l’investissement.

Cette situation s’accompagne d’une incertitude sur les revenus planifiés des sites de production. Ceux-ci subissent des mesures de coupes budgétaires affectant les tarifs de rachat de l’énergie produite et notamment du gaz naturel injecté à partir de production de biométhane. Ces tarifs ont ainsi commencé à baisser à partir du 1er janvier 2018, de 0,5% par trimestre. Le prix au MWh injecté est aujourd’hui compris entre 46 et 139€/MWh, 92,99€ en moyenne pour 2018[1], contre une moyenne de 99€/MWh en 2016.

Un contexte qui n’encourage pas le développement de projets de biométhane, alors même que les promesses de baisse des coûts de production sont palpables. Une problématique de taille d’autant qu’environ 10 milliards d’euros seraient nécessaires à l’atteinte des objectifs de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) pour les filières agricoles et territoriales et que les demandes en fonds propres pourraient, elles, atteindre 4 milliards d’euros d’ici 2030. Mais les acteurs classiques du financement font preuve d’une grande méfiance face aux projets de méthanisation.

Une solution : utiliser la technologie pour développer des alternatives de financement

Pour contrer ce contexte financier complexe, le numérique offre une opportunité intéressante. Au-delà d’une structure de financement composée de fonds propres, de subventions et de dettes, l’ouverture à des capitaux extérieurs permettrait de diminuer le recours à l’endettement et les coûts associés. Le financement participatif, solution qui s’appuie à la fois sur la digitalisation du monde de la finance mais également sur l’ouverture des projets à des capitaux externes, peut faciliter cette entrée de capitaux extérieurs.

Aujourd’hui, le cadre législatif sur lequel il repose se précise. Il s’appuie sur l’utilisation de plateformes en ligne proposant des solutions efficaces de sécurisation des paiements. Et il autorise des transactions de catégories variables : financement participatif par don, par récompense (ou don contre don), par prêt, par souscription de titres, par souscription de "mini-bons". En 2017, un total de 20 millions d’euros a été collecté via des plateformes de crowdfunding pour financer des projets de développement d’énergies renouvelables en France.

Parmi les plateformes importantes du financement participatif des énergies renouvelables et du secteur agricole, l’incontournable Lendosphère est spécialisée en prêts rémunérés et en equity dédié à la transition énergétique. Une campagne récente visait ainsi à lever un million d’euros en 2018 pour financer une des plus grandes unités de méthanisation en France, Agrimaine Méthanisation dans la région des Pays de la Loire.

Mais la première plateforme française reste WeDoGood. Elle soutient le projet EnerPro Biogaz qui adapterait une technologie de méthanisation à des unités compactes en ville. Cette campagne vise à lever 50 000 euros pour un premier pilote urbain proche des cantines, puis 100 000 euros pour disposer de sources de gisements plus importants (200 tonnes de biodéchets par an).

De son côté, Enerfip collecte 800 000 euros pour le projet de méthanisation Arsène, situé en Basse Ariège. Il permettra de couvrir la consommation énergétique globale de 1 417 foyers dans trois départements. Son coût total est estimé à 8,2 millions d’euros et regroupe 57 agriculteurs.

Lumo, quant à elle, souhaite associer les citoyens à des projets territoriaux d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrolique et biomasse).

Wiseed est le leader et pionnier du crowdfunding en France. Spécialisée dans l’investissement digital, cette plateforme offre la possibilité de financer des projets dans le secteur de l’environnement, de l’immobilier, du numérique, de la santé et de l’alimentation. La plateforme s’est associée à Lendosphère dans le financement de la campagne du projet Agrimaine Méthanisation.

Miimosa, enfin, est une plateforme de financement dédiée à l’agriculture et à l’alimentation. La plateforme offrait jusqu’en 2018 un modèle d’accompagnement basé sur le "don avec contrepartie", pour ensuite renforcer son offre avec des prêts participatifs. Miimosa héberge par exemple le financement d’un site de méthanisation agricole dans les Ardennes.

Florian Beguin,
Directeur en charge des activités Energie chez CGI Business Consulting

 


[1] Panorama du gaz renouvelable 2018, Opérateurs de réseaux

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